Je me suis rendu tranquillement devant les portes d'ironforge... le bruit des combats de tous ces gens qui s'escriment me fait mal a la tête... j'ai passé toute la journée dans les combats et je pensais enfin pouvoir trouver un peu de paix dans ce paysage déchiqueté et blanc. J'essaye de deviner ce qui se cache derrière ces montagnes au loin... sûrement des contrées que j'ai déjà exploré avec Smileas. Je m'assoie à même la neige, comptant sur le nouvel accoutrement que j'ai trouvé pour me tenir à l’abri du froid de cette poudre blanche. Et je continue à contempler cette montagne, cette force tranquille qui le jour ou elle s'écroulera emportera tout avec elle...
Mais ce vacarme m'insupporte... je n'en peux plus... Il faut que je parte.
Je me relève, m'époussete et me retourne pour entamer ma marche vers le tramway des abysses quand tout a coup je vois Mornaglar.
Voila alors que tout change autour de moi, le monde disparaît, les bruits de combats également, tout devient noir et hostile, je ne vois plus rien hormis le Chef de la Nature Rédemptrice. Qu'est-ce qui se passe nom d'une chimère !
Je revis exactement les mêmes sensations que celles qui précèdent un combat ! Je réalise mais trop tard que je ne contrôle plus rien... J'empoigne mes dagues et fond sur la proie qui était devenu celle de mon esprit. Je distingue très clairement les points vitaux à atteindre pour écourter au maximum le combat... Mes dagues au bout de mes bras entament alors une danse tristement fluide et puissante... L'appel de la mort est une suite logique pour tout être normalement constitué. J'ai beau essayer de freiner ces deux actrices parfaites, je n'y arrive pas, elles sont enfiévrées, envoûtées... envoûtantes...
Le combat touche a sa fin... Il n'a duré qu'une poignée de secondes... ce n'est qu'une fois Mornaglar à terre que mes dagues reviennent aux fourreaux. Il est mortellement touché, il ne pourra pas s'en tirer... Quelque chose sort de ma bouche, des sons, des phrases, je n’entends pas, je suis toujours dans le noir...
Je me retourne et commence à marcher dans une direction que je ne distingue pas dans cette obscurité... Les bruits des combats ne sont toujours pas revenus, étais-je seule avec lui ? Je ne sais pas...
Au bout de quelques pas, la perception du monde alentour me revient... Les combats n'ont pas disparus, mes pieds me dirigent vers la citée naine. Quand tout à coup une main se pose sur mon épaule et une dague vient se nicher contre ma gorge... J'essaye de me sortir de cette emprise, mais le risque est trop grand...
J’entends la voix de Lyadh emplie de haine et de rancoeur... Mornaglar revient chancelant pour dire des choses que j’entends mais ne comprend plus... Lyadh en profite pour me couper à l'entrejambe... La douleur est supportable, je serre les dents...
Lyadh est prête à m'achever à n'importe quel moment, impitoyable. J'essaye de me relever, profitant de l'action de ce chef qui essaye d'éviter une boucherie. Pour me rassurer et m'offrir une chance de riposter, je pose mes mains sur mes dagues... Mais mornaglar me les enlève pour éviter tout acte irréparable. Alors Lyadh se jette a poings fermés sur moi... Ses coups sont lents et prévisibles, chose normale pour une personne ne s'étant jamais entraînée a escrimer ou adopter un quelconque art du combat au corps a corps. J'esquive sans rendre les coups... Je ne veux pas lui faire de mal... Mais elle ne le sent pas de la même manière. Elle incante et je sens mon esprit se faire comprimer comme si j'avais la tête dans un étau... Contente mais pas encore rassasiée, elle vient me chuchoter des mots qui auraient fait peur a Elune elle même avant de s'en aller.
Sans force, je me fais porter par un ours que je n'avais jamais vu et me fais déposer un moment dans un lit avant de sombrer dans le néant...
Que m'a-t-on fait faire... Comment était-ce possible... tout tourne autour de moi, l'anarchie des sentiments et de l'incompréhension me forcent a m'enfuir dans le pays du cauchemar... J'ai tellement peur.