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| Mais qu'est-ce qu'elle fichait là ? | |
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Aelwenn
Nombre de messages : 124 Localisation : Elune me souffle ma voie. Date d'inscription : 13/09/2005
| Sujet: Mais qu'est-ce qu'elle fichait là ? Ven 14 Oct à 12:15 | |
| Récupérer des poissons de lune en grandes quantités, voici à quoi elle était réduite. Evidemment elle aurait pu refuser, rien ne l'obligeait à accepter ces missions dignes de paysans en mal d'aventure. Et pourtant elle était là, les bras couverts jusqu'aux épaules de traînées visqueuses, les pieds et la robe couvertes de vase, plongée jusqu'à la nausée dans ces relents de marécages putrides.
Mettant à contribution sa maigre science des herbes et des plantes, elle s'était confectionné un collier tressé de fleurs dont émanaient une puissante senteur ; leurs effluves adoucissaient l'atmosphère ambiante et la rendait supportable. Pourquoi ces Murlocs s'étaient-ils donc installé ici ? Pour la même raison qu'elle en vérité : parce que ces eaux étaient les plus poissonneuses de tout le lac Placide.
Elle n'avait pas vraiment le choix en vérité. En fuyant sa région natale et le regard de sa famille, elle avait renoncé aussi aux fastes et aux pailletttes que sa condition aurait dû lui réserver. Elle souffrait certes, mais elle ne regrettait pas, ou pas souvent. Sauf dans des instants comme celui-ci où, loin de tout, elle arpentait des terres fangeuses en pataugeant dans la vase jusqu'au bout du jour, exécutant un travail de miséreuse aussi fastidieux qu'exténuant.
Enfin... Au moins n'était-elle pas jugée, sinon par elle-même. Au moins ne risquait-elle aucune injustice et aucun regard. C'est du moins ce qu'elle croyait car, en termes de regards, ça faisait déjà plusieurs fois qu'elle échappait à des Murlocs dont l'aggressivité ne faisait aucun doute. A plusieurs reprises elle avait cru percevoir des rumeurs de combat derrière ou devant elle, alors qu'elle allait probablement tomber dans des embuscades. Elle allait finir par croire le risque moins grand qu'il n'y paraissait quand deux Murlocs en mal de sang la repérèrent et bondirent sur elle avec une sauvagerie qui la laissa prise au dépourvu.
Elune ! Dans une muette prière elle monta ses défenses et aussitôt elle sentit affluer l'énergie qui la protégeait des coups. Déesse, protège ta fidèle, ne permet pas qu'on porte la main sur elle, encore moins de cette façon ! Et la Déesse répondait. Quoi qu'en disent les sceptiques qui grignotaient les rangs mêmes des prêtresses, Elle était bien présente, Elle ne boudait pas Azeroth et n'abandonnait pas ses servantes. Aux coups physiques qui lui étaient portés, Aelwenn répondait en tentant de s'infiltrer dans l'esprit de ses agresseurs, de démonter leurs pensées, de les disjoindre pour mieux les anéantir. Elle alternait attaques mentales et frappes à base d'énergie. Elune lui prêtait sa force mais ses agresseurs étaient vifs et agiles, esquivant ses coups et fuyant aussi en esprit.
Elle faiblissait. Sa force de volonté était éprouvée et elle sentait diminuer sa capacité à canaliser l'énergie que lui prêtait la Déesse, trop impure, trop faible qu'elle était encore. Un premier agresseur tomba au sol, plongé dans un profond coma dont il ne se relèverait sans doute jamais, mais le second était encore très vaillant. Elle envisagea la fuite, mais comment tourner le dos à cette créature de malheur sans lui permettre de porter une série de coups fatals ? Ces Murlocs étaient prompts à la course, particulièrement dans ces zones marécageuses. La prêtresse faiblissait à vue d'oeil et la lueur sauvage dans les yeux de son agresseur ne laissait pas place au doute : nul quartier. Elle ne voulait pas finir comme ça ! Déesse, protège-moi je t'en supplie !
Dernière édition par le Ven 14 Oct à 18:08, édité 4 fois | |
| | | Aelwenn
Nombre de messages : 124 Localisation : Elune me souffle ma voie. Date d'inscription : 13/09/2005
| Sujet: Re: Mais qu'est-ce qu'elle fichait là ? Ven 14 Oct à 12:18 | |
| Une immense forme noire surgie de nulle part bondit sur le Murloc et le déchiqueta avec une furie inimaginable. Un déferlement de violence d'une rare intensité, explosive, où crocs et griffes ne laissaient aucune chance à son adversaire, brisant dans l'oeuf toute velleité de rebellion. Le regard du Murloc s'éteignit bien vite, la gorge prise sous un angle étrange dans la gueule énorme du gigantesque lion noir. Son regard de poisson mort vira en quelques secondes, froid et vitreux comme sa peau de batracien. Aussi vite qu'il était apparu le lion bondit dans les joncs, échappant au regard de la jeune prêtresse.
Elle en avait vu déjà un comme ça, un animal identique : le familier du seigneur Vârghas. C'était un redoutable félin à la musculature saillante répondant au nom de Rackham. Son apparente placidité n'avait d'égale que sa vivacité phénoménale. Elle l'avait reconnu car il contrastait étonnamment avec celui de son ami CrileLoup qui, lui, était blanc et plus jeune, moins aguerri.
Quoi qu'il en soit, elle en avait eu pour sa peur ! Si le lion n'était pas apparu aussi bien à propos, sûr qu'elle s'en serait moins bien sortie. Elle préférait ne pas y penser et se concentrer sur celui dont elle croyait deviner la présence : le chasseur qui, quelques jours auparavant, l'avait sérieusement remise en place par ses seuls silences et sa froideur calculée.
Elle sourit en repensant à cette scène. Il avait dû bien s'amuser. Elle avait été d'un ridicule à faire peur ! Une vraie papillonne virevoletante, donzelle sans cervelle et même, en un sens, avec un manque de pudeur qui, à l'instant même où elle y repensait, lui mettait le rose aux joues. Quelle sotte ! Comment avait-elle pu supposer qu'il n'ait même ne serait-ce qu'envie de lui parler ? Ils avaient tellement peu en commun. Elle n'osait même pas imaginer ce que dame Yaëlle pouvait penser d'elle en cet instant, elle qui l'avait croisée sans mot dire sur le palier alors qu'elle insistait comme une soubrette emmourachée auprès de cet Elfe qui lui avait pourtant fait comprendre gentiment, trop peut-être, qu'il n'avait aucune envie de passer un instant avec elle. Mais elle avait insisté, et - peut-être parce qu'il n'avait rien de mieux à faire que de s'amuser d'elle ce soir là, la regardant se contorsionner dans ses efforts pour paraître intelligente et fine - il avait fini par accepter de l'accompagner à l'extérieur, pas bien loin d'ailleurs.
Non mais quelle gourde ! Sa mère aurait encore une fois bonne opinion d'elle si elle apprenait ça ! Sa fille qui se donne des airs devant un galant largement son aîné et qui lui pose une batterie de questions indiscrètes dont, pourtant, il montre bien combien l'exercice ne le séduit en rien. Mais il était trop gentil, ou trop joueur : il ne l'avait pas rabrouée, et elle s'était enfoncée jusqu'au cou dans ses âneries. La prêtresse, honteuse et confuse, s'était juré, mais un peu tard, qu'on ne l'y reprendrait plus. Ca lui avait quand même coûté une bonne partie de sa nuit de sommeil à se tourner et retourner sur sa couche pendant des heures à repenser à sa niaiserie.
Et puis Scylla lui manquait. Elle se demandait si elle n'avait pas été trop dure avec elle, si elle n'avait pas mal interprété ses gestes. Elles n'avaient pu en reparler car au matin Scylla n'était plus là, comme à son habitude. Ma douce Scylla, ne me fuis pas, reste ma tendre amie car de ça j'ai tant besoin. | |
| | | Aelwenn
Nombre de messages : 124 Localisation : Elune me souffle ma voie. Date d'inscription : 13/09/2005
| Sujet: Re: Mais qu'est-ce qu'elle fichait là ? Ven 14 Oct à 15:22 | |
| Hasard ou calcul, il était là.
Pour qui aurait entendu les choses de l'extérieur, elle avait donné via le cristal toutes les informations nécessaires pour le guider. Il l'avait écoutée et elle ne faisait pas l'erreur de sous-estimer ses talents de pisteur. Il était là et il la regardait, regard neutre dans lequel elle lisait une bienveillance discrète. C'était lui qui lui avait libéré le chemin, lui et son Rackham. Elle n'avait plus de doutes à ce sujet.
Elle le salua, tentant de rester aussi naturelle que possible, dissimulant le profond malaise qui était le sien, attendant des réprimandes autant que des compliments. Elle se sentait rougir et pâlir alternativement, dans un tourbillon de sentiments diffus qui la laissaient aussi maladroite qu'on pouvait l'imaginer. Elle balbutia quelques explications sur sa présence ici, lui demandant du bout des lèvres s'il voulait bien lui prêter main forte. Son aura était telle qu'elle ne doutait pas de ses capacités. Le seul fait de s'être attaché l'amitié d'un animal aussi puissant que son familier n'était pas un mince exploit.
De fait, l'affaire fut bien vite expédiée : Rakham, sous les directives de son maître tenait les Murlocs à distance et la prêtresse pouvait tranquillement explorer les trous d'eau nauséabonds et fouiller la vase en quête des poissons recherchés. Elle avait pris le parti de ne pas faire de manières. Elle était réduite à ce rôle de paysanne, à s'agenouiller devant lui comme une vulgaire lavandière : elle remplirait dignement son rôle quelque soit sa gêne. Si son amour-propre en souffrait, et bien au moins aurait-elle pour elle son intégrité morale. Elle avait choisi cette vie de misère comme passerelle pour un hypothétique futur au plus grand service de la Déesse et elle s'y tiendrait quelque fut le regard de cet homme sur elle. Après tout, qu'avait-elle à perdre à ses yeux, pauvre jeune fille à peine sortie du collège ? Intimement elle espérait un peu de compréhension, une douceur de ton qui aurait été pour elle l'équivalent d'un soutien, mais elle ne se faisait pas d'illusion : il ne lui parlerait qu'à peine, se contentant de la froide efficacité dans laquelle il excellait... et qu'elle admirait.
Pendant qu'elle fouillait les boues malodorantes sous son regard perçant, elle tentait de l'imaginer autrement. C'était sa façon à elle de rendre la chose supportable. Elle s'imaginait qu'il parvenait à la trouver au moins touchante avec ses cheveux perlés de gouttes de boue sechée, son visage barbouillé, ses mains noires et sa robe réduite à un torchon innommable. Elle aurait voulu l'émouvoir, lui arracher un mot gentil, un simple geste de réconfort. Mais elle savait que tout ceci n'était qu'illusion dans laquelle elle se réfugiait tandis qu'il se concentrait non sur elle mais sur la surveillance des alentours. | |
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