Nuit

Il était tard.
La nuit était tombée, les bougies vacillaient et le silence régnait danc ce bâtiment majestueux qu’était la Cathédrale.

Elle avait terminé d’écrire sa lettre, elle était courte alors qu’il y avait encore tant à dire. Elle examina un temps son travail, perdue dans ses pensées, ses doigts jouant avec le bord du papier.

Elle finit par lever le regard et par plier cette lettre. Elle serait donnée à son destinataire dès le lendemain.
Elle quitta son bureau et traversa sa chambre jusqu’aux fenêtres. Elle les ferma sans même regarder le ciel.

A quoi bon ? Il ne changeait pas.

Elle éteignit une à une les lumières et bientôt elle se retrouva dans l’ombre de ce vaisseau, ombre mitigée d’éclats lunaires.
Plongée dans le noir la bâtisse de pierres blanches devenait un monstre écrasant de par sa taille et son aura. Seule, elle était la proie perdue dans les entrailles de la bête.

Comment pouvait elle penser cela ?

Elle avait été malade, contaminée par le mal du Nord et revenue grâce aux soins de ses frères de l’Ordre de Lumière. Mais personne ne revenait, on restait faible, surveillé, noyé dans l’attention et la Lumière jusqu’à ne plus savoir qui être.

Elle se dirigea vers sa commode et sortit d’une boîte une fine chaîne à laquelle une pierre jaune quasi-transparente était accrochée. Elle leva la pierre à hauteur des yeux et regarda son image se refléter à l’intérieur.

Presque tout était là, des souvenirs comme des oublis.
Elle ferma les yeux à la recherche de ce qui rendait cette pierre si spéciale. Elle ne trouvait plus rien bien qu’elle sache qu’elle aurait du.

C’était perdu.

Elle rouvrit les yeux et reposa machinalement la chaîne à sa place.
Elle prit place sur son lit et attendit. Elle ne pouvait plus qu’attendre. Elle laissa tomber librement ses longs cheveux noirs sur ses épaules et passa ses mains sur son visage. Elle avait trop vécu en trop peu de temps. Elle était capable de n’être plus rien, une de ces icônes ornant le hall de la Cathédrale.

Elle se laissa tomber en arrière et son regard fixa le plafond.

Tant pis pour les êtres qu’elle avait promis d’aider. Elle était fatiguée.

Tant pis pour ceux qu’elle avait blessée. Elle n’avait pas de regrets.

Tant pis pour tout. Il n’y avait plus rien à attendre, même de son propre sang.
Il n’y avait jamais rien eu.
Elle poussa un dernier léger soupir, le dernier qui arrivait encore à faire bouger ses os.

Ses murs deviendraient des collines, le plafond laisserai la place à un ciel haut et devant elle allait s’étendre ce lac onirique qui toujours la rendait triste.

Peut être que lui l’y attendrait. Celui qu'au fond d'elle même elle avait toujours attendu, depuis le début.

(C'est superbe, j'adore tes textes )