En l'attendant .

Dans ces terres tout respirait le fléau, rien n’était vivant.
La Chapelle était le dernier bastion contre ce mal et pourtant elle ne détenait aucune muraille.
Ses murs qui autrefois avaient du être glorieux ne tenaient plus que grâce à des renforts faits de bois ou de pierre récupérés aux alentours. Les vitraux aussi avaient été les témoins du temps et des guerres, les fenêtres n’avaient pu qu’être rebouchées grossièrement.
Certainement à l’œil du premier visiteur cet endroit aurait pu se faire symbole de la décadence humaine de l’endroit. Comme il n’ en était rien …

Yaëlle prit le temps de contempler la fleur aux nuances blanches et rouges que lui avait offert Famjiso un jour à Stormwind … au milieu de la foule de la place marchande.
Elle soupira en se remémorant le souvenirs d’alors … En ces temps tout avait été simple, rien de bien grave outre quelques problèmes de silence prolongés de la part de certain, rien pour ne l’inquiéter plus que de mesure.
Et puis il l’avait fait … Un soir au devant de l’entrée d’ Ironforge. Surement il devait faire froid mais elle ne le ressentait pas, il lui avait montré une des montagnes du Dun Morogh.
Il lui avait montré ce qu’il ressentait pour elle, lui avait même dit.
Mais une fois de plus elle avait reculé, s’était montrée froide et dure. A lui aussi elle a avoué son secret.
… Comment aurait elle pu savoir que ce serait la dernière fois qu’elle le voyait tel quel ? Un rêve et quelques jours plus tard Famjiso n’était plus le même, fasciné par la magie des arcanes, oublieux de toute Lumière.
Elle se laissa aller contre le mur, fatiguée de se tenir si droite …
Elle avait vu cet homme que lui avait décrit Reese mais elle était toujours incapable de le retrouver. D’un autre coté pourquoi vouloir obliger Famjiso a retrouvé ce qu’il était … peut être avait il eu le choix et qu’il ne désirerait pas redevenir celui qu’il était.
Ces pensées l’amenèrent à songer à l’officier … le dénommé Avothellyr qui la couvrait de fleurs. Elle n’était pas sotte et avait une idée de ce qu’il désirait par ces gestes. Ils étaient tous deux membres de la chambre des nobles et si cette idée se révélait juste le parti n’était pas si mal. Il lui faudrait en avoir le cœur net seulement.
Des bruit de pas résonnèrent à l’entrée de la Chapelle, elle détourna son regard du pot de fleurs.
Elle sourit au nouvel arrivant, il était en retard mais étant de nature patiente elle aurait pu encore l’attendre. Ils devaient passer à l’intérieur de la forteresse écarlate de Stratholme afin d’y récupérer des reliques sur l’ordre de l’Aube d’argent, se jouer de la mort, du fléau et de la Lumière en une seule expédition … Mais après tout elle n’avait pas peur puisqu’il était là. Il l’a protégerait sans aucun doute … N’était ce pas pour cela qu’il la suivait et qu’elle aussi le suivait ? Une plaisante poursuite pour une fois.

Il lança une ânerie, elle sourit à nouveau et regarda une dernière fois la fleur. Elle était posée là, dernière preuve d’une vie sans peste et ombre … Juste là et immaculée. Yaëlle appréciait beaucoup cette fleur… D’ailleurs elle appréciait beaucoup cet homme aussi.
Vraiment beaucoup.

Ce n’était pas normal ….
L’air était devenu bien plus lourd depuis quelques temps et les hurlements des relevés étaient aussi bien plus portants.

Il arrivait qu’elle puisse les entendre, en provenance de l’intérieur des terres. Jamais elle ne l’avait aussi bien ressenti … à s’en rendre malade.
Il faisait sombre, plus que d’habitude, sûrement le soir venait de tomber. Elle sortit et s’installa sur une des marches encore stables de la chapelle et leva les yeux vers le ciel.

Les étoiles étaient inaccessibles, encore en retrait derrière d’épais nuages, devant ce peu de spectacle elle s’intéressa aux alentours. Seules quelques personnes se pressaient autour d’un feu, les mains tendues en avant et bavardant de souvenirs et de projet. Elle pensa aux siens propres et son bras la refit souffrir …


Elle avait mal … la sensation d’une blessure physique était tellement fulgurant. Elle regarda son avant-bras encore ensanglanté. La plaie était fine, produit d’une arme sifflante maniée avec agilité et expertise. Elle promena son regard de sa blessure jusqu’à l’arme qui l’avait causée. Il l’avait remise à sa ceinture, partagé qu’il était entre la fierté de les avoir mis à mal mais aussi la honte de n’avoir pu combattre lui-même …


Encore une fois c’était à lui qu’elle songeait … C’était inhabituel et pourtant si naturel. Fermer les yeux et être capable de distinguer sa façon de marcher, sourire, parler pour ne rien dire ….

Elle ramena ses jambes contre elle dans un bruissement de tissu et posa doucement sa tête sur ses genoux.
Le sentiment n’étais pas étranger, et c’était justement cette ressemblance qui la troublait. Elle se concentra sur les battements de son cœur … s’emballait il ? Non , c’était là une des différences. Elle se savait calme et tranquille, pas d’inquiétude ni un trop plein d’enthousiasme. Elle en était satisfaite, peut être une fois avait elle effectué le bon choix .

Il n ‘ y avait eu aucune raison à « tourner autour du pot » ainsi l’avait il formulé une fois que le jeu amusant de la séduction n’en était plus un et que la distance imposée avait disparu.
Elle avait été d’accord … aucune raison de ne pas faire face à ce qu’il y avait de déjà présent.
Seulement … Elle voulait pour une fois déterminer ce qu’elle souhaitait elle … Et pour une fois on l’avait écouté … Comme elle l’aimait rien que pour cela …

Jamais plus ils ne se reverraient mais au moins elle avait la tendre certitude qu’ils seraient tous deux heureux dans leurs vies respectives … Elle sourit.

Djezebel s’en était elle doutée lorsqu’elle les avait présentés l’un à l’autre ?

Yaëlle prit une inspiration rêveuse mais le moment fut de courte durée puisqu’une nouvelle toux l’obligea à se retirer entre les murs de la chapelle.