Chant d'union

Bruuk avait donné son accord. Il était fin commerçant et savait flairer l'opportunité. Aussi ne fit-il aucune difficulté au barde qui ne réclamait que la boisson gratuite en paiement de ses services.

Il y eu quelques chants, quelques ritournelles, puis vint un moment clé, plus grave, plus sérieux. L'auditoire était attentif autant qu'il pouvait l'être et rendu réceptif au message. Le barde déclama :


Frères, soeurs, amis, alliés, vous tous qui combattez
Qui luttez sans relâche contre vents et marées
Qui élevez vos familles ou toujours recherchez
A devenir meilleur et vous perfectionner...

Ouvrez vos coeurs, mes frères et mes soeurs d'Azeroth,
De la Horde ou l'Alliance, écoutez la raison.
Non la voix du braillard vomissant sa rancoeur
Mais celle de la concorde et de la compassion.

Nous avons tous souffert, bien trop, et bien souvent
Bien trop de morts en somme, et bien trop de perdants
Il n'y a rien à gagner à lutter entre nous
Quand l'ennemi ressurgit à nos portes, où sommes-nous ?

Voyons-nous comme nous sommes le jouet de nos passions ?
Comme nos femmes, nos enfants, nos amis les plus chers
Seront à la merci de la pire corruption
Si nous manquons un jour à l'appel de nos pères ?

Ne cédons pas ainsi à la pure déraison
A la colère facile contre ces troublions
Qui ne font étalage que d'absence de sang-froid
Là où ils ont devoir d'être plus grands que ça.

Qu'apporte la vengeance à ceux qui ont souffert ?
Qu'apporte la violence quand elle atteint nos frères
Nos alliés dans la lutte contre le vrai danger
Celui-là qui menace de tous nous emporter ?

Oublions nos querelles, l'heure est à notre union.
Hissez vos étendards et dressez vos fanions.
Marchons ensemble Taurens, Humains, Elfes, Réprouvés,
Assainissons nos terres sans cesser d'espérer.

Depuis un bon moment il était désireux de partager par ses chants ce que le clan LunArgent représentait pour lui. Prozélia, puis Jolane, lui manifestèrent l'une après l'autre son désir de l'entendre.

Sa voix et sa musique se marièrent pour un temps au sein de l'auberge du temps présent.


On dirait des frères d'armes, mais c'est d'abord un clan
Comme une grande famille qui rassemble ses enfants
Dans un partage unique de valeurs qui, pour eux,
Valent la sueur, le sang et les risques audacieux.

Sur les cendres Moonblade ils se sont édifiés
Renaissant pour combattre la haine personnifiée
Par le Fléau rampant, les insectes, tous ces maux
Qui corrompent les corps et les coeurs des héros.

Ils s'appelent LunArgent, et on lit dans leurs yeux
La fierté et l'honneur des guerriers valeureux
Qui ne s'oublieront pas à la facilité
Mais voient l'union des peuples comme une nécessité

Ils ont banni la haine et prônent la tolérance
Oublieux du mépris et de ces différences
A qui trop d'égarés voudraient donner du sens
Pour nourrir les rancoeurs entre Horde et Alliance.

A l'aube de chaque jour ils offrent une nouvelle chance
Aux êtres d'Azeroth qui veulent qu'enfin s'avance
Au front de leur ennemi une union refondée
Partageant un désir qui fait fi du passé.

Communion de destins, communauté d'envie
Ils savent précisement combien coûte une vie
Et combien s'en réjouissent les ombres ténébreuses
Qui s'avancent en rampant telle une gangrène fielleuse.

Ils protègent toute vie, respectent chaque pensée
Ils proposent à qui veut de venir partager
Leur goût pour ce défi de voir les frères s'unir
Dans une lutte conjointe et sans peur de mourir.

Ils ne voient de victoire que dans la communion
Quand chacun profitera du fruit de leur passion,
De leur amour immense pour la paix de ce monde
Quand enfin de nouveau la terre sera féconde.


Il s'arrête, se fige dans une immobilité totale. Sa pensée se porte vers celle qui n'est plus. Il aurait tant voulu qu'elle l'entende. Son regard se brouille...