Agression

Elle avait mal terriblement mal, effondrée sur le sol dans une marre de sang qui grandissait à vue d’œil elle appelait à l’aide mais en vain.

Elle ne sait pas très bien quand tout ceci a commencé, elle a été obligé de le suivre, sa dague titillant son ventre, à l’abris des regards, il la tire même par les cheveux pour qu’elle avance plus vite … Elle pleure.
Il la menace alors qu’elle ne sait rien, strictement rien, rien de ce qu’il lui demande, il ne la croit pas et veut la tuer, pensant qu’elle se joue de lui.
Il veut l’égorger et sourit sadiquement lorsqu’elle le regarde en pleurant, comme s'il se délectait de sa peur.
Et puis il la roue de coups, elle tombe, il fuit.

Puisant dans ses dernières ressources elle appelle son bel inconnu sachant très bien qu’il ne peut l’entendre et puis … Plus rien, le vide … le néant, elle respire faiblement et plonge dans une immense obscurité.
Elle frissonne, elle a froid mais elle sourit faiblement


..... il est là, elle le voit, dans ses songes.

Quel rêve terrible ! Douleur, froid, chocs ! C'est avec le visage livide qu'il s'extrait de sa couche plutôt qu'il ne se lève, encore haletant comme s'il avait reçu des coups. Doucement il se tâte au front, à la tempe... stupidement.

C'était plus qu'un rêve. C'était tellement... réel !

Par delà les frondaisons les murs de la capitale des hommes se referment sur le bruissement continu de l'activité qu'ils abritent. La nuit est encore peu avancée aussi prend-il soit de ne pas éveiller sa compagne en se recouchant. Une chance qu'elle ait été plongé dans un sommeil profond.

Subitement il se fige... Et si c'était... Natchü ?

Elle est la seule hormis sa renarde avec qui il partage un lien si fort qu'il puisse traverser le rêve d'émeraude sans être dénaturé. Or Gyl est en sécurité dans les bras de son capitaine, et ce n'est pas la menace d'un couteau qui la réduirait au silence. Mais son enchanteresse, elle, était encore fragile.

Il s'en fallut de nombreuses heures avant que le sommeil ne revienne : il ne pouvait rien faire d'utile dans l'immédiat.

Le rêve avait bien une part de réel, et cette part concernait bien celle qu'il pensait. Dès qu'il la vit, un flot de tendresse l'envahit spontanément. Il la prit dans ses bras, doucement. Il avait besoin de lui montrer qu'il était encore là, et elle avait besoin de le sentir aussi comme il put s'en rendre compte à la façon dont elle se blottit tout contre lui.

Deux corps enlacés, pressés l'un contre l'autre aux abords de la cité des hommes. En cette seconde fusionnelle, le monde aurait pu s'écrouler.

Elle gémit un peu au moment où ses doigts glissèrent dans ses cheveux. La peau était encore sensible sous les bandages. Il s'occupa alors de les refaire avec précaution, vérifiant attentivement qu'elle ne souffre pas d'autres blessures que cette bosse et ces coupures.

Ma pauvre Natchü, il ne t'a pas manquée...

Il sentit confusément qu'elle avait quelque chose à lui dire.
Son regard était changé, elle ne le regardait plus de la même façon.
Il n'était plus un bel inconnu... c'était comme si... comme si il était son inconnu à elle, comme si...

Il en fut étrangement mal à l'aise... A l'heure où son propre destin s'engageait sur une autre voie, serait-il possible que de son côté à elle... elle laisse enfin éclore ce qu'il l'avait supplié de lui accorder depuis tant de semaines ?

Trop tard... c'était trop tard... De peu certes, mais trop tard tout de même. Il ne pouvait être pour elle l'élu de son coeur, il avait eu un choix à faire entre la tendresse de celle qui lui offrait tout et le brillant de celle qui ne lui donnait que la forme...

Il enrageait.

Il était à la fois étrangement reconnaissant et encore plus énervé contre l'aggresseur. Reconnaissant que cet individu ait su activer le déclic qu'il avait tant attendu, et enragé que ça se soit produit si tard.

Natchü... Ma Natchü... Natchü l'enchanteresse, la flamboyante, la séductrice de chaque heure... ton bel inconnu a donné son coeur et même s'il accepte de t'aimer, même s'il a préservé pour toi cette place de tendre complice... sauras-tu t'en contenter ?

Il avait envie de hurler avec les loups contre ce destin qui une fois de plus s'acharnait à lui rendre difficile sa quête du bonheur.

Cette nuit là ils se donnèrent sans retenue l'un à l'autre encore une fois.

Au petit matin une rose est posée sur l'oreiller du bel inconnu au coeur volé. Autour de la tige est enroulée une bande de parchemin sur lequel court l'écriture bien connue de celui pour qui son coeur avait éclos.

Citation :

Que le Destin est dur quand soudain il se tourne,
Malmenant ceux qui voguent sur ses flots tumultueux
Remettant tout en cause, fracassant dans sa houle
Les choix que chacun fait, plus ou moins hasardeux.

Devant ton coeur scellé le mien s'est tant blessé
Qu'il finit par s'offrir à qui le réclamait
Et lui criait, vibrant, combien il serait choyé
Alors le temps passant il choisit qui l'aimait.

Je ne peux pas aimer en oubliant l'amour,
Je n'aime qu'en partageant, pas en faisant le sourd,
Et ce soir tu me dis comme enfin tu entends
Ce tendre chant de l'âme que je t'adresse souriant.

J'aurais voulu qu'ensemble nous magnifions cette danse
De nos corps enlacés qui se donnent sans fin
Puis-je croire ce rêve possible à l'heure où le destin
Fait que j'ai investi vers qui me donne une chance ?

Allons-nous nous laisser tuer par des conventions
Qui voudraient que l'on aime qu'en une seule dimension ?
Allons-nous rester jouets de ce destin moqueur ?

Aimons-nous enchanteresse, ne laissons pas le temps
Prendre ce que nous souhaitons partager en souriant
Sois ma tendre complice et vivons ce bonheur.

Il aurait voulu écrire toute la journée, comme si d'arrêter sa plume allait rompre un peu plus ce lien qui les unissait et qui avait été mis à mal. Et pourtant...
...il savait qu'il ne saurait renoncer.

* Alors qu’elle n’arrivait pas a trouver le sommeil, elle ne pouvait s’empêcher de le regarder, et ne pouvait s’empêcher de pleurer, elle se leva en silence et allait lui écrire une lettre, elle finit par s’endormir blottit contre lui.
Au petit matin elle fut surprise par la lettre trouvé. Allongé sur le lit portant la rose a ses lèvres elle la regarde tristement.
Il n’avait pas du trouver celle qu’elle lui avait envoyé.
Elle regarde la lettre et à haute voix …. *

« Pourquoi ? pourquoi prend t-on réellement conscience des choses lorsqu’on risque des les perdre ?
Ce soir la j’avais imaginé de joyeuses retrouvailles, une communion d’âme, un rêve enfin partagé et qui serait devenu réalité …. Ce soir la je voulais vivre.
Mais la réalité m’a réservé un autre sort, une déconvenue de taille.
Elle poignarda violemment un cœur qui venait d’éclore et qui désirait s’épanouir. »

* Les larmes coulent alors que j’avais à nouveau cette étrange sensation, comme si le sol se dérobait sous mes pieds. *

« Il est trop tard pour aspirer au bonheur … Cruel destin, il ne me reste plus rien, ou peut être comme il me l’a demandé, à leur souhaiter beaucoup de bonheur …. »

« Soit heureux mon aimé, sourit pour deux »

Il fallait qu'elle retrouve son agresseur et qu'elle se venge ......