Kyllen

"Ma petite jeune fille... je ne peux vous bénir...les filles des rues ne le méritent pas..."
Les mots avaient claqués comme un fouet. Pourquoi....?

Tous les gosses de la ville la regardaient à présent. Ses joues s'empourprèrent lentement tandis que ses yeux s'emplissaient d'eau salée.

Elle releva la tête et planta son regard clair dans celui du gros cureton.

"Rien à foutre de c'que tu penses papy... j'la mérite p't'être pas encore mais... un jour j'l'aurai."

Elle tourna les talons lentement, levant haut le menton, fendant la foule des gamins moqueurs.

Un homme l'arréta un peu plus loin, lui tendant une poignée de pièce d'argent. C'était comme ça qu'ils disaient qu'ils la voulaient.

"nan mon gros va trouver ta femme, moi c'fini"

Elle sourit à ses paroles. Elle l'avait dit ! Le bonhomme resta planté là comme un idiot, il s'approcha plus près, insistant.

"j't'ai dit dégage !"

Il lui sourit, sur de lui et tenta de la traîner plus loin.

Non... elle voulait pas... plus. Jamais.

Elle leva le poing et l'envoya aussi fort qu'elle pouvait.

Le gars s'étala de tous son long.
Elle hésita... et si elle l'avait tué...?

"Pas d'doute, ça en fera un d'moins !" Elle s'éloigna sans un regard. Si elle l'avait crevé bah... tant pis.

Elle savait qu'il la suivait.

Elle s'arréta, tourna sur ses talons et lui fit face :

"Ouais?"

Etonné, il ne réagit pas desuite, puis son visage se fendit d'un sourire.

"J'ai une place pour vous parmi les miens. Ca vous tente d'apprendre à vous battre, et d'en faire votre boulot?"

Elle plissa les yeux. C'était la première fois qu'on lui proposait du travail.

Après tout, se servir de son corps pour gagner de quoi manger... elle avait l'habitude. Mais là, plus personne la jugerait.

Elle planta son regard dans le sien.

"J'accepte"

Il lui tendit le bras, elle le refusa et se dirigea à son côté vers l'aréne d'entrainement.

Elle sentit qu'elle commençait enfin sa vie.

"Allez file, va l'essayer !"

Toute contente, elle ne se le fit pas dire deux fois. Elle avait un nouveau fusil à tester !

Elle prit ses jambes à son coup et courru longuement dans les Collines des Marches de l'Ouest, se lançant dans une course effrenée avec le vent, sentant son corps palpitait sous l'effort de la course. Elle accéléra l'allure, grisée par la sensation de liberté. Les vallons se succédaient et elle fini par trouver ce qu'elle cherchait. Un camp de gnoll.

Elle se posta à bonne distance, arma son fusil et choisit sa cible. Elle visa...et releva son arme au dernier moment. Elle ne l'avait pas vu tant il était discret.

Un homme aux cheveux blanc arpentait dans un silence total les alentours du camp, cherchant lui aussi une cible à l'évidence. Un gnoll esseulé se rapprocha de lui, et elle vit les lames de l'homme entamait une danse implacable. Le gnoll ne poussa pas même un cri.

Elle l'observa attentivement, subjugué par son adresse. Il bougeait avec grâce, et faisait voler ses lames avec rapidité, ses techniques fines laissant à sa cible aucune chance possible.

Elle se fit silencieuse et attendit qu'il continue cette danse de mort si gracieuse.

Mais l'alerte avait été donné dans le camp qui se retourna d'un bloc vers l'homme aux cheveux blanc. Elle se releva et n'hésita pas, vidant son chargeur sur les gnolls qui passaient avant de se jeter aussi dans la mélée, criant de toutes ses forces pour attirer l'attention des bétes.

Leurs techniques respectives s'accordèrent vite, comme souvent face au danger, et ils mirent à sang le camp.

Ils s'arrétèrent enfin, se posant sur le sol d'herbe jaunes des Marches, essouflés et se regardèrent.

Elle ouvrit la bouche surprise. Il n'était pas vieux ! Elle l'avait cru pourtant avec ses cheveux blanc noués en queue de cheval. Au contraire il avait un doux visage d'ange. Et il devait avoir environ son âge.

Il la dévisageait aussi et elle sentit le sang lui montait doucement aux joues.

Ils échangèrent quelques mots bref, et se séparèrent. Elle reprit sa course dans les Marches, étonnée encore de cette grâce et de ce si beau visage qui donnaient une mort aussi facile....

Elle s'était offerte une jolie jupe rouge. Et le chemisier qui allait avec.

Elle se prenait pour une Dame dedans, se promenant en ville, toute fière de ses nouveaux atours.

Elle prit une chambre pour plusieurs soirs à Goldshire. Elle avait à faire dans le coin.

Jouant des longueurs de sa jupe qui frolait les marches des escaliers, comme les traînes des belles dames, elle descendit lentement, posant les mains sur son ventre, qu'elle mettait à nue sans pudeur.

Elle leva la tête sur la salle. Heureusement elle était vide. En fait non. Encore lui, le discret danseur de lame. Il marchandait pour obtenir une chambre mais elles étaient toutes prises.
Le tavernier montra Kyllen du menton, disant qu'elle avait deux lits dans sa chambre, s'il fallait négocier c'était avec elle.

Arthémis se retourna lentement, la fixant de ses beaux yeux, et elle se sentit rougir immédiatement.

Oui elle avait une grande chambre avec deux lits...Elle n'hésita pas. Il allait pas dormir dehors quand même !
Il la regarda étonné, et elle lui fit signe de la suivre.
Il s'éxécuta, suivant sans l'ombre d'un bruit.

Elle entra la première, saisit les affaires qu'elle avait laissé traîner sur le second lit et le lui désigna.
Il tendit la main vers la table de nuit, se saississant de ses livres. Elle lui arracha presque des mains, pour les cacher, mais il était vraiment trop rapide.

"Apprendre à lire" fit il à haute voix.
Allait il se moquer d'elle...? Il reposa le livre dans les mains de Kyllen et se tourna pour installer ses affaires.
Il ne s'était pas moquer.

Elle l'observait du coin de l'oeil. Il ne cessait de s'assurer qu'il ne dérangeait pas. Elle sourit .

"Tant qu'tu gardes t'es mains loin d'moi pas d'problème"

Il sourit aussi et lui proposa une balade.
Ils arpétèrent les champs autour de Goldshire avant d'escalader une colline. De la haut, la vue s'ouvrait sur l'horizon découvrant un splendide couché de soleil.
Ils s'assirent, parlant de choses et d'autres.
Il lui proposa de nouveau une aide pour apprendre à lire. Elle accepta mais en échange elle deviendrait son garde du corps. Elle n'avait que cette façon de payer.

Il la regarda amusé un instant, et elle cru qu'il allait se moquer. Mais il accepta. Elle continua à parler, vantant sa maîtrise des armes, et sa force, mais sans trop y croire. Il était très fort aussi.

Il reprirent le chemin du village, silencieux. Elle continuait de l'observer en silence, examinant son doux sourire, à présent à l'aise en sa présence.

Ils se croisèrent comme toujours dans ce semi hasard qui lui plaisait bien.

Stormwind, elle était à peu près sûre de le trouver dans le coin, et elle le cherchait du regard sans même s'en rendre compte. Elle le vit à ce moment là, face à une étrange femme, qui lui faisait la conversation.

A l'air passablement distant qu'il affichait envers la femme, elle sentit que sa présence ne serait pas dérangeante. Il l'avisa de loin, alors qu'elle marchait vers lui. La femme s'interrompit dans son discours. Se tournant vers Kyllen, elle la détailla attentivement, sourit en coin et se retourna vers Arthémis.

"Alors c'est elle que vous attendiez..."
Il hocha la tête en souriant.
La femme se retourna, se prit un de ses grands airs et reprit son discours à propos de dragons et ce genre de choses. Kyllen leva un sourcil vers Arthémis, celui ci lui renvoya un regard exaspéré.

"Non mici m'dame, ça m'interresse pas trop les dragons et tous ses machins nan plus." Elle tenta une révérence....renonca et la salua de la main.

Arthémis salua aussi la Dame et ils partirent.

"T'es déjà allé chez les elfes?
- Ouais pour mon entrainement mais vite fait comme ça à Darnassus.
- Alors je t'emméne ailleurs."

Elle sourit et le suivit, et ils entamèrent un long voyage vers une destination qu'elle connaissait pas ...mais elle s'en remettait à lui, confiante.

Ils prirent des bateaux, des griffons, et même des hyppogriffes !
Le trajet fut long mais...le jeu en valait la chandelle.

Quand il s'arréta enfin, il lui présenta la ville d'Astraanar. Emerveillée, elle laissait ses yeux se posaient partout, savourant la quiétude du lieu et sa beauté.

Elle marchait dans la ville silencieuse, écoutant la mélodie du vent dans les feuilles et de l'eau qui coule non loin, découvrant la musicalité des elfes.

Il lui prit la main et l'attira vers le lac, une barque semblait les attendre, et il sauta dessus avec agilité, levant les bras vers elle, prêt à la rattraper.

Elle sauta et se retrouva tout près de lui, amusée, émerveillée et le souffle court. Il coupa les amarres, et la barque fila au gré du vent sur le lac, Il s'assit sur le banc, dirigeant la barque sans trop y penser, et elle vint s'assoir au fond de l'embarcation, lui tournant le dos.

Elle sentit ses mains se posaient sur ses épaules, douces et chaleureuses. Elle avait en tête tout les poèmes qu'il lui avait envoyé depuis la dernière fois, ses rimes si belles, qui chantaient la gloire de sa beauté, et qui la faisait rougir intensement.

Elle savourait le simple fait d'être dans un lieu si magique à ses côtés, et il se prit à chanter de sa belle voix grave. Elle ferma les yeux s'appuya contre lui et l'écouta...Elle voulut le regarder mais il rougit tant qu'elle préfera fixé le lac, alors que les rimes s'enchainaient , et que les mots la touchaient en plein coeur.

Il finit sa chanson, la barque ayant stoppé au milieu du lac, et elle le sentit fébrile. Elle tenta de ses mots maladroit de lui dire que c'était magnifique mais... Elle ne savait pas faire.

Elle se contenta d'être douce et de faire sa présence discréte à ses côtés, échangeant quelques mots par ci par là, mais ils n'avaient pas envie de discuter réellement.

Elle s'endormait peu à peu et il s'en rendit compte. Il ramena la barque, la fit descendre et ils prirent une chambre chez les elfes.

Les auberges des elfes sont bien curieuses... mais elle s'y ferait. Ils montèrent à l'étage et elle avisa le lit immense à baldaquin, drapé de tissu magnifiques. Un lit de princesse.
Elle se tourna vers lui et sourit, ravie, avant de rougir.

'"Dit...euh... fait un peu froid ici...et j'prend le grand lit alors euh... tu veux pas dormir avec moi dis?"

Elle se mordit la lèvre de son audace, se tournant vers le lit, génée.
Il ne répondit pas desuite, avança vers elle :

"A condition que tu restes dans mes bras cette nuit..."

Elle releva la tête souriante, et s'installa dans le grand lit de princesse, se blottissant contre lui, inspirant son odeur, avant de céder au sommeil, un sourire de bonheur planant sur son visage.

Le temps était passé.

Aujourd'hui elle était à lui. Et lui à elle.

Serments murmurés,
Amour partagé,
Tout à toi...

Il avait chanté pour elle, une fois de plus.
"Même si tu mens, même si c'est pas vrai, dis moi au moins une fois que tu m'aimes.."

Elle avait pas menti. Elle avait dit qu'elle l'aimait. Qu'elle pensait qu'à lui.

Regards échangés,
Tendresse et complicité ,
Tout à toi...

il avait dit "t'es à moi, belle guerrière". Elle était resté dans ses bras. "T'es à moi, gredin".

Gestes passionnés,
Folies de t'aimer,
Tout à toi...

Doucement, elle s'endormait une nuit de plus contre lui. Dans son sommeil, il l'entourait de ses bras protecteurs.

Tout à toi...

Assise a la table d'une auberge, son épée sur les genoux, elle revassait.
Le patron lui servi un truc chaud...le Voile d'Hiver se faisait sentir. La solitude aussi.
Elle jeta quelques piéces sur la table, et sortit, passant son épée au foureau. Lentement, elle avançait vers la Grande Place de la ville naine. Son regard ne s'arrétait plus vraiment sur les gens.

L'hotel de vente grouillait toujours de son agitation habituelle. Elle joua des coudes pour atteindre le comptoir.

"Qu'Elune vous bénisse" s'exclama une elfe a la peau pale. Elle la regarda fixement.
"Qu'Elune commence par vous bénir vous même, m'Dame l'Elfe." L'elfe se tourne vers elle, souriante et toute jolie dans sa robe.
"Merci, fille des Hommes.
Kyllen tilta.
- Fille des Hommes?
- Vous êtes bien humaine non?" L'elfe avait dit cela innoncement.

La jeune guerriére acquiesca et s'inclina, quittant l'hotel des ventes.

Prés de la banque un tableau était couvert d'annonces diverses. Elle y mis la sienne, vendant pour un soir de plus ses services de mercenaires et repartit en direction de la Garde Militaire.

Un groupe d'homme. Une fois de plus, elle était la seule femme. Cela ne la génait pas au fond.
Elle vérifia les sangles de son bouclier, et attendit qu'ils décident du moment propice au départ. Les blagues vaseuses allaient bon train. Elle n'écoutait pas. Elle n'était pas là pour ça.
L'un d'eux se tourna vers elle, le regard lourd.

"Alors gamine? Tu prend pas ton homme avec toi ?"

Il ne savait pas. Les gens l'avaient toujours vu avec Arthémis. Pas seule. Pourtant, cela faisait bientot 5 mois qu'elle était seule maintenant. Elle secoue la tête en silence.

"T'en a fait quoi? Il s'est fait crevé? Les gars comme lui, ils finissent tous comme ça."

Il avait surement raison. Arthémis devait être mort dans un tripot ou... peu importe. Il n'était plus là.

Elle donna le signal du départ, et le groupe la suivit, commentant la mort d'un autre gredin, "dans le même genre que le tien, poupée". Non, il n'était pas comme le mien. Le mien... il n'est plus là.

Elle avala la boule au fond de sa gorge, pleine de larme qui n'avaient plus leur place.

Avec une lenteur calculée, elle posa sa main sur le panneau de bois de la maison de son ancien mentor. Son souffle se fit plus profond. Elle poussa la lourde porte.

Tout ici respirait le receuillement et le calme, tellement necessaire au maniement des armes. Les serviteurs avançaient d'un pas feutré, le feu de la cheminée crépitait à peine, le souffle de la ville était muet entre ses murs.

Kyllen déposa son attirail sur la chaise de l'entrée, leva les yeux vers les escaliers qui montaient aux étages, et les gravit d'un pas lent et silencieux, craignant de troubler la paix du lieu.

Son ancienne chambre lui arracha un demi sourire, mais elle continua d'avancer.

"Entre ma belle éléve."

La voix pleine de sourire l'invita à prendre place, ce qu'elle fit.

"Que viens tu chercher ici, ma belle?
- La paix, peut être... Un remede à la solitude, surement.
- Tu te sens si seule que cela?

Elle regarda l'homme, hocha la tête lentement.

- Vieux maître, tant de choses ont eu lieu... et à présent... il n'est ...
- Je sais. Sa tombe est à la sortie de la ville.

Elle baissa lentement les yeux.

- Et à présent que ton Arthémis n'est plus, ma belle élève, tu viens reprendre du service?
- Je reviens sur ce qu'il me reste de ma vie.

Le veillard la fixa en silence.

- Ta chambre est toujours à ta disposition. Bienvenue de nouveau dans la magnifique Stormwind, Kyllen, soeur d'armes."

Elle sourit en silence, se leva, et quitta la piéce.